soldat

" Les hommes du bataillon ne pouvaient chanter qu'entre eux, ne pouvaient danser qu'entre eux, et peu à peu les danses cessèrent, et les chants n'exprimèrent que la nostalgie du pays. Ils parlaient de leurs amis, de leurs parents qui les aimaient, et ils avaient la nostalgie de l'amour, de la chaleur humaine, car un homme ne peut être un soldat que quelques heures par jour, que quelques mois par an, et puis désire être de nouveau un homme, désire des filles, des boissons, de la musique, des rires, de la détente, et, lorqu'il est en privé, son désir devient oppressant." (Steinbeck/ Lune noire p93)

" Bien. Maintenant, je vais vous dire quelque chose, et j'espère que vous le comprendrez. Vous n'êtes plus un homme. Vous êtes un soldat. Votre bien être n'a aucune importance et, lieutenant, votre vie n'a pas beaucoup d'importance. Si vous vivez, vous aurez des souvenirs. C'est à peu près tout ce que vous aurez. En attendant, vous devez recevoir des ordres et les exécuter. La plupart des ordres seront désagréables, mais ce n'est pas votre affaire. Je ne vais pas vous mentir, lieutenant. On aurait dû vous préparer à ça, et non à des rues parsemées de fleurs. On aurait dû vous forger l'âme avec la vérité, et non vous mener avec des mensonges. Mais vous avez choisi ce travail, lieutenant, poursuivit-il d'une voix dure. Allez vous le conserver ou le quitter? Nous ne pouvons pas nous occuper de votre âme." (Steinbeck/ Lune noire p154/155)